La PMA est devenue un tel sujet d’actualité que l’on en oublierait presque que le premier bébé issu d’une insémination artificielle est né il y a maintenant plus d’un siècle. Mais quelle est donc l’histoire de la PMA ?
Je vous propose de le découvrir en quelques dates clés.
Tout a commencé sur les animaux
Il faut savoir qu’avant d’être mise au point pour les hommes, elle avait déjà été réalisée chez les animaux.
Ainsi, au 14e siècle, les Arabes pratiquaient l’insémination artificielle sur les juments des tribus adverses (semence de mauvais étalons).
Puis, en 1780, Lazzaro Spallanzani, un prêtre scientifique italien développa les premières techniques d’insémination artificielle chez le chien.

Lazzaro Spallanzani, par C. Piotti-Pirola
Et pour l’homme ?
Cela a suivi de peu les travaux de Lazzaro Spallanzani.
Découvrez ici les différentes étapes de l’histoire de la PMA pour l’homme, qui existe maintenant depuis plus de deux siècles.
Recherches de solutions pour répondre à un désir d’enfant non satisfait naturellement, établissement de lois de bioéthique établies pour essayer de répondre aux questions morales que ces découvertes pouvaient poser…
Il était une fois l’histoire de la PMA.
Fin 18e siècle
Dans les années 1790, 1er bébé né d’une insémination artificielle au sein d’un couple en Ecosse sur l’idée du biologiste John Hunter face à un patient souffrant d’une malformation génitale. Ce bébé marque vraiment le début de l’Histoire de la PMA pour l’homme.

Portrait de John Hunter par John Jackson, 1813, d’après Reynolds, 1786
Début 19e siècle
1e insémination artificielle intraconjugale en France
Fin 19e siècle
1e insémination artificielle avec don de spermatozoïdes réalisée aux Etats-Unis.
1934
1ère étude de FIV effectuée sur des lapins publiée par Gregory Pincus (chercheur américain également co-inventeur de la pilule contraceptive)

Gregory Pincus
1944
1e fécondation in vitro non réimplantée dans un utérus (Miriam Menkin chercheuse américaine)

Miriam Menkin en famille
1953
1e naissance aux Etats-Unis suite à une insémination à partir de sperme congelé
1968
- Naissance des banques de sperme congelé aux Etats-Unis
- Début de l’utilisation des hormones susceptibles de stimuler l’ovaire, les gonadotrophines
1969
1e grossesse obtenue en Israël grâce aux gonadotrophines.
Fin des années 1960
Le biologiste britannique Robert Edwards parvient à féconder des ovocytes dans un milieu de culture, en laboratoire. Son association avec le gynécologue Patrick Steptoe pour transférer l’embryon dans l’utérus d’une mère ne donnera lieu à une naissance que 10 ans plus tard (naissance de Louise Brown) après quelques centaines d’échecs.
1972-1973
- Arrivée en France de la technique de congélation du sperme
- Apparition des CECOS, Centres d’Etudes et de Conservation des Œufs et du Sperme humain, qui organisent le don de spermatozoïdes anonymement et gratuitement.
1978
Naissance en Grande-Bretagne dans une maternité de Manchester de Louise Brown, 1er enfant né par fécondation in vitro (FIV).
1981
Mise en place de la stimulation de l’ovulation pour obtenir plusieurs ovocytes, ce qui permet de multiplier les chances de succès
1982
Naissance d’Amandine, le 1er bébé français né grâce à cette technique. René Frydman, gynécologue renommé, a dirigé l’équipe médicale qui est parvenue à cette naissance. Dans les années suivantes, des progrès successifs permettent une augmentation du taux de réussite de la FIV.
Le Gros Journal de René Frydman : IVG, PMA, “le droit de choisir”
1983
Création du Comité consultatif national d’éthique
1984
Succès pour la 1e fois d’un transfert d’embryons congelés en Australie, avec la naissance de Zoé. La congélation des embryons soulèvera de nouvelles questions éthiques dont le devenir des embryons non implantés (3 possibilités en France : destruction, don à la recherche, don à d’autres parents).
1986
Création du GEFF (Groupe d’étude de la fécondation in vitro en France)
1988
Création des centres agréés ainsi que de la Commission Nationale de Médecine et de Biologie de la Reproduction.
1992
Mise au point à Bruxelles de l’ICSI par le Professeur Paul Devroey (nouvelle technique de fécondation in vitro) qui révolutionne la prise en charge de l’infertilité masculine.

Paul Devroey
1994
- Naissance d’Audrey, 1er bébé français ICSI .
- Vote des 1ères lois de bioéthique concernant la PMA comme :
- l’autorisation du diagnostic prénatal dans certaines conditions.
- La PMA est réservée aux couples homme/femme, vivants, en âge de procréer, mariés ou pouvant justifier de deux ans de vie commune.
- La limitation à 5 du nombre d’enfants conçus par le même donneur.
- Anonymat et gratuité du don de gamètes.
1999
Développement de la vitrification ovocytaire, congélation ultrarapide permettant de conserver l’intégrité des gamètes femelles (autorisé en France depuis 2011 seulement)
2004
- 1e révision des lois de bioéthique (limitation à 10 du nombre d’enfants conçus par le même donneur)
- Création de l’Agence de la biomédecine qui a pour mission d’agréer les praticiens concernés par la PMA (et la greffe), d’autoriser certaines activités…
2010
Prix Nobel pour Robert Edwards pour ses travaux sur la FIV

Robert Edwards (à gauche), avec Lesley Brown (centre) et sa fille Louise, premier bébé éprouvette. [Chris Radburn – ]
2011
2e révision de la loi de bioéthique
2014 :
Naissance d’un enfant en Suède dont la mère avait été greffée avec l’utérus d’une femme ménopausée. En France, aucune naissance à ce jour par ce biais.
Et aujourd’hui ?
Où en est l’histoire de la PMA ?
Elle est loin d’être terminée.
Ainsi, en France, un bébé sur 30 est désormais conçu grâce à une assistance médicale indique une étude de l’Ined (Institut national d’études démographiques) de 2018.
Parmi ces techniques, la FIV arrive largement en tête avec 70 % des enfants conçus par PMA avec une progression de +0,5 % tous les 7 à 8 ans, selon cette étude.
À la fin de l’année 2019, 400.000 enfants issus d’une PMA auront vu le jour depuis les débuts de cette technique en 1982.
Au niveau mondial, plus de 8 millions d’enfants seraient nés par FIV en 40 ans.
Les prochaines étapes ?
Mardi 21 janvier le Sénat examinera le texte de la loi bioéthique autorisant la PMA pour les couples de lesbiennes et les femmes célibataires.
Ce texte, tout en ouvrant la PMA à toutes les femmes, instituera aussi un droit d’accès aux origines pour les enfants conçus par don de gamètes.
Un collectif de 200 personnes conçues par don, soutenues par plus de 100 personnalités dont Roselyne Bachelot, appelle, dans une tribune, à ce que l’accès aux origines soit garanti pour tous.
Affaire à suivre donc.