L’Horloge Biologique : A la poursuite du Temps Perdu
Tic Tac Tic Tac Tic Tac. Ah l’horloge biologique. Celle dont tout le monde te parle. Celle qui est censée te faire comprendre qu’il te faut faire attention en tant que femme. Parce que le temps avance et qu’il sera peut-être bientôt trop tard. Trop tard pour avoir un enfant. Celle dont on te dit qu’elle est là uniquement pour te faire culpabiliser. Et bien moi, elle n’a jamais vraiment frappé à ma porte. Et pourtant, j’aurais aimé qu’elle le fasse. J’aurais aimé que l’Horloge biologique vienne me voir plutôt que de me laisser courir ainsi à la poursuite du temps perdu.
Courir tel le lapin d’Alice au Pays des Merveilles.
Mais cette fameuse horloge n’est jamais venue ou alors s’est fait si discrète que je ne l’ai pas entendue.
A sa décharge, peut-être n’ai-je pas voulue l’écouter.
Après tout, je suis féministe.
Et il était clair que l’horloge biologique était juste un sinistre complot pour culpabiliser les femmes.
Celles qui voulaient se donner une chance d’avancer dans leur carrière.
Ou celles qui voulaient simplement se donner le temps de vivre pour elles.
Ou encore celles qui voulaient simplement attendre la bonne personne.
Ma première erreur : attendre le bon moment ou la bonne personne.
Attention : je ne dis pas que nous devons faire un enfant dès que nous le pouvons et avec n’importe qui.
Non, ce que je dis, c’est que nous devons avoir conscience que la fenêtre de tir est relativement courte. Alors, « prince charmant » ou pas…
Ma deuxième erreur : penser que paraître jeune voulait dire être jeune.
Pourtant, je me rappelle qu’un stagiaire de mon service me l’avait dit.
« Sophie, tu fais jeune ». Surprise, je lui avais répondu « Mais je suis jeune ! ». « Non, tu fais jeune. » m’avait-il rétorqué. J’avais « seulement 28 ans », ce qui n’est déjà plus jeune quand tu en as 20.
Bien sûr, il ne pensait pas à cette fameuse « horloge biologique ».
Mais il avait raison. Faire jeune n’a jamais voulu dire être jeune.
En effet, les cycles menstruels viennent et se succèdent. Ils durent environ 28 jours et ce, pour l’ensemble de la population féminine sauf exceptions. Et peu importe le nombre de rides ou la fermeté de ton corps.
Ridée ou pas comme un carlin, peu importe !

Car chaque cycle emporte avec lui l’enfant que tu aurais pu faire.
Ainsi, savais-tu que chaque femme dispose de plusieurs millions d’ovocytes alors qu’elle n’est encore qu’un fœtus ? Chaque ovocyte est contenu dans un follicule.
A la naissance, ils sont encore environ 900 000, voire moins.
Et à la puberté, ils sont déjà réduits à 400 000 en moyenne !
Un véritable génocide. Mais que fait la police ?
Et cela ne s’arrange pas avec le temps. En effet, à partir de la puberté, tu développes plusieurs ovocytes chaque mois. Et parmi eux, un seul pourra être fécondé, quand les autres seront détruits naturellement (atrésie folliculaire).
Ainsi, en moyenne, seuls 300 à 450 follicules aboutiront à une ovulation.

Tu n’étais pas prête à être mère à 12 ou 13 ans ? Je te rassure, moi non plus.
Mais ça, clairement, ton corps se moque complètement de savoir si tu l’es ou pas. Et cela, quel que soit ton âge.
Maintenant, parlons d’un autre sujet désagréable.
La réserve ovarienne
Cela sonne un peu comme la Réserve Fédérale.
Et finalement, c’est relativement proche.
En fait, il s’agit de ton stock d’ovocytes. Et donc de ton « capital » fertilité en quelque sorte.
Certes, ce n’est pas de l’or même si cela pourrait être considéré comme tel, selon moi. C’est rare et précieux, non ? Et puis, la logique est assez semblable.
En effet, la réserve ovarienne est un peu comme un compte bancaire.
Et comme pour celui-ci, nous n’avons pas toutes le même capital de départ dessus. Et comme nous ne le réapprovisionnons pas, il se vide. Plus rapidement pour certaines que d’autres d’ailleurs.
Mais au lieu de te payer de quoi manger ou te loger avec, tu achètes du temps. Et le prix du temps, c’est un peu à la tête du client.
En plus, avec l’âge, la valeur de l’ovocyte (sa qualité) va chuter. Et là aussi, de façon très inégale selon les femmes.
Par conséquent, les chances de tomber enceinte vont se réduire comme une peau de chagrin. Tandis que le délai pour y arriver va lui s’allonger. Sans parler du risque d’anomalies génétiques et de fausses couches qui va lui aussi augmenter. Tu me suis toujours ?

Et toi, quelqu’un t’avait parlé de votre compte en banque ovarien ?
Moi, personne ne l’avait fait.
D’ailleurs, quand j’ai commencé mon parcours PMA, j’étais plutôt confiante.
Pour quelle raison ?
Et bien pour plusieurs motifs en fait.
La première raison, c’était que les médias laissent à penser que l’âge n’est pas un souci.
En effet, tu as vu le nombre de stars ayant eu un enfant tardivement ? Alors pourquoi pas moi ? Cela a l’air si simple. La grossesse rêvée. Certes, elles sont là aussi pour vendre du rêve.
Mais moi, j’y ai cru.
C’est pour cette raison d’ailleurs que j’ai réagi suite à un article paru en mai 2020. « Natalie Imbruglia est ravie d’avoir choisi d’être mère après 40 ans » titrait le journal. « Choisi » ? C’est une plaisanterie ? J’étais ébahie.
Alors j’ai souhaité m’exprimer sur le sujet.
Certes, j’étais heureuse qu’elle ait pu être enceinte tardivement. Pour elle et parce que cela donnait de l’espoir aux autres femmes.
Alors pourquoi ai-je réagi ainsi ?
Tout simplement parce qu’on ne pouvait parler de choix. Il s’agit d’une chance !
Ce message était donc selon moi irresponsable.
Rassure-toi. Je ne dis pas que les femmes doivent abandonner leur carrière ou leur choix de vie.
Mais je souhaite juste que ces choix soient faits en toute conscience.
Or de tels messages font croire aux femmes qu’elles pourront faire un enfant facilement ou presque, même à plus de 40 ans. De façon naturelle ou par le biais de la PMA. Mais tout le monde ne peut pas s’offrir un parcours de PMA. En plus, cela ne fonctionne pas toujours. En tout cas à l’heure actuelle. J’en suis la preuve.
Près de deux ans d’inséminations et de FIV.
Quasiment une par mois.
A part une pause imposée (3 mois de grossesse ayant abouti à une fausse couche.
Alors oui, il y a toujours du chagrin et de la colère en moi. Même si cela s’estompe avec le temps.
Mais ce n’est pas la colère ou l’amertume qui m’ont guidée ici. En effet, j’essayais simplement d’alerter. De donner l’information que je n’ai pas eue ou préféré ne pas entendre.
Néanmoins, soyons honnêtes, les Natalie Imbruglia et autres Eva Longoria ne sont pas les seules responsables de cette croyance.

Car j’avais une autre raison de croire en ma belle étoile.
En effet, ma mère était tombée enceinte très rapidement de mon frère et moi.
J’avais donc de bons gènes, non ?
J’avais juste oublié un paramètre important, que dis-je primordial : son âge. A l’époque, elle avait entre 20 et 23 ans. Moi, j’en avais déjà 39.
Et peut-être même pas la même réserve folliculaire de départ.
Car je n’avais pas eu non plus la même vie.
Je n’avais jamais surveillé mon alimentation plus que ça, par exemple. Ayant peu d’intérêt (et de talent) pour la cuisine, je suis souvent allée vers la facilité des produits transformés. Ah les plats cuisinés prêts en 2 minutes chrono. Et avec plus de saveur que n’importe lequel de mes plats maison. Avec leurs colorants et leurs conservateurs. Qui, malheureusement, ne conservent que l’aliment et non ta santé.
Et tous les jours, je faisais ma toilette intime avec du Triclosan. Non, ce n’est pas la marque de mon produit de toilette, pourtant acheté en parapharmacie. Un gage de qualité et d’innocuité, non ? Du moins, je le pensais. Non, c’est le perturbateur endocrinien qu’il contenait. Il faisait partie des produits auxquels j’étais exposée quotidiennement.
Et, comme les autres produits chimiques, il foutait en l’air mes hormones et mes chances d’avoir un bébé en pleine forme. Voire un bébé tout court.
Alors oui, c’est vrai, l’horloge biologique existe vraiment.
Mais non, elle n’est pas là pour t’imposer une vie dont tu ne voudras pas.
Et elle ne signifie pas non plus que tu ne pourras pas avoir un enfant après 35 ans. Moi-même, je connais plusieurs femmes qui, dans mon entourage, ont pu en avoir un à plus de 40 ans. C’est donc possible.
Néanmoins, cette horloge te dit simplement que cela pourrait être plus compliqué voire impossible. Avec ou sans PMA.
Car nous ne sommes pas toutes égales dans ce domaine.
Si tu as autour de 40 ans, voire davantage, saches que je souhaite de tout cœur que cela puisse fonctionner pour toi. Sincèrement.
Et si tu es plus jeune, j’aimerais que tu aies simplement ce risque en tête pour pouvoir prendre ta décision en toute connaissance de cause.
Car le choix t’appartient. Mais souviens-toi, horloge biologique ou pas, il ne sert à rien de se mettre à la poursuite du temps perdu. Il arrive un âge où le choix n’en est plus vraiment un. Car personne n’a encore inventé la machine à remonter le temps.
Quoi qu’il en soit, je vous souhaite à tou(te)s de voir votre rêve devenir réalité.
Amicalement.
Sophie
